Plan Climat Energie – Atelier « Déplaçons-nous autrement »

Ville de Conflans Sainte-Honorine
Atelier « Déplaçons-nous autrement »
Le 11 octobre 2011

Introduction

Un Vélo Qui Roule a participé aux trois ateliers « Plan Climat-Energie » ; ce document rend compte du second atelier, dédié aux politiques de transport.

Contexte

Afin d’atteindre l’objectif fixé par le gouvernement en manière de diminution des gaz à effet de serre (GES) – réduction de 75% d’ici à 2050 – les villes de plus de 50 000 habitants ont l’obligation de lancer un « Plan Climat-Energie ».
Ce Plan Climat-Energie se découpe en trois grandes phases :
Audit et définition d’un profil de production de GES pour l’agglomération
Débats publics
Choix de solutions adaptées.

Conflans Sainte-Honorine, bien qu’étant loin d’avoir 50 000 habitants, a volontairement décidé de jouer le jeu du Plan Climat-Energie. L’association Un Vélo Qui Roule (UVQR) ne peut que féliciter cette initiative.

Assistance

L’assistance était constituée de 27 personnes (15 hommes, 12 femmes). Il s’agissait principalement de Conflanais. Un grand nombre était simple citoyen. 5 ou 6 personnes de la mairie (élu ou employé). Un représentant de l’ADEME. Un chef d’entreprise spécialisée dans les véhicules (voitures) à motorisation électrique. Un entrepreneur montant un projet d’autopartage sur l’agglomération de Cergy. 2 représentants du cabinet « inddigo » qui a été mandaté par la ville pour piloter le Plan Climat-Energie et qui animèrent les débats. Un représentant d’une association de quartier (Chenevière). Une représentante de deux associations de parents d’élèves sur Conflans. Votre serviteur, représentant de l’association Un Vélo Qui Roule.

Déroulement

Il ne sera ici pas détaillé le déroulement exact de l’atelier ; aucune note n’ayant été prise en ce sens.
Deux heures étaient prévues pour cet atelier.
La première demi-heure fut consacrée à la présentation du projet par l’adjoint au maire Franck Barraud et l’une des représentantes du cabinet « inddigo ».
Le reste du temps a été exclusivement réservé au débat entre les participants, la mairie ayant décidé de ne pas y participer outre mesure, afin de laisser les gens s’exprimer, et s’est donc contentée de réagir sur des points techniques. Les thèmes présentés ci-après sont donc le seul fait des citoyens présents.

On notera que l’objectif de réduction des émissions de GES sur l’agglomération prend également en compte les émissions ayant lieu à l’extérieur de l’agglomération, mais effectuées à cause d’une source située sur l’agglomération (par exemple : énergie grise de fabrication des véhicules, fabrication de l’énergie électrique, etc.). En ce sens le représentant de UVQR est rassuré : il avait peur que l’objectif soit d’externaliser les émissions de GES.

Le but des débats publiques étaient de définir une série de proposition concrètes et réalisables par la mairie permettant d’atteindre l’objectif fixé par le Plan Energie Climat. Le terme de « Levier d’action » a été plusieurs fois employé à ce sujet. Les leviers d’actions proposés sont colorés en rouge dans la suite du document.

Présentation par Franck Barraud

Le maire-adjoint a présenté les deux enjeux majeurs du cycle du carbone :

  • Amont : Société énergivore alors même que les énergies et les ressources naturelles deviennent de plus en plus rares.
  • Aval : Réchauffement climatique.

L’objectif du plan Climat-Énergie est de faire face à ces deux enjeux de société en réduisant d’un facteur 4 (75%) les émissions de GES à l’horizon 2050. Cela correspond à une baisse de 3% par an en moyenne d’ici là.

Présentation par le cabinet Inddiggo

Une présentation générale de l’audit, avec quelques schémas très instructifs sur les modes et les flux de déplacements de l’agglomération.

On notera notamment deux chiffres percutants : un salarié habitant à 30km de son travail devra dépenser 770€ par an s’il souhaite effectuer son trajet pendulaire en transports en commun, contre 4200€ (soit un peu plus de 5 fois plus !) s’il souhaite l’effectuer en voiture.

Thèmes évoqués lors du débat

Automobile

On peut déplorer la place énorme que l’automobile a prise dans ces débats. Le sentiment du représentant de UVQR est que plutôt que de chercher des solutions pour se passer de la voiture, l’objectif était plutôt d’essayer de trouver des solutions permettant de l’utiliser aussi longtemps que possible, et ce malgré la conjoncture (crise économique, déplétion des ressources, changement climatique). On pourrait résumer ce crédo par : Polluer moins pour polluer plus longtemps. Les principales pistes évoquées furent l’autopartage et le covoiturage. L’entrepreneur montant un projet d’autopartage sur Cergy-Pontoise a brièvement présenté son projet.

Co-voiturage

Un membre de l’assistance a proposé deux pistes :

  • Monter un site web permettant de mettre en relation des automobilistes désireux de partager leurs véhicules afin de limiter les frais et la pollution (co-voiturage planifié)
  • Créer un logo « co-voiturage » à placer sur sa voiture, qui permettrait de prévenir les gens que l’automobiliste est prêt à prendre des passagers (co-voiturage spontané)

Levier d’action : Il est proposé à la ville de communiquer sur ces thèmes, afin que les citoyens intéressés puissent participer.

Auto-partage

L’autopartage revient à optimiser l’utilisation d’une même voiture : partager la voiture. Objectif : Une seule voiture au lieu de plusieurs, mieux utilisée, diminution du coût. L’usager n’est plus possesseur de sa voiture. Il la « loue » pour une durée faible (d’après l’entrepreneur de Cergy, la moyenne de temps de location est de 5h).

Cette idée a été contestée par plusieurs membres de l’assistance : il lui était reproché d’augmenter l’usage de la voiture, de l’optimiser. Crainte : que la voiture soit plus utilisée, et donc qu’elle pollue plus.

La représentante de « inddigo » a alors expliqué plusieurs points :

1 seule voiture au lieu de X, c’est autant de voiture en moins à fabriquer (énergie grise)

Les gens n’étant plus propriétaires de leur voiture, et devant la louer, il y a une nette diminution du nombre de kilomètres parcourus lorsqu’une personne remplace sa voiture par une solution d’auto-partage.

Levier d’action : aucun ?

Energie Electrique

Le principe de la motorisation électrique a été évoqué et présenté comme un formidable moyen de réduire les émissions de GES. Un chef d’entreprise, travaillant notamment avec Veolia, dont l’entreprise est spécialisée dans le véhicule électrique (fabrication ? Vente ?), a rappelé qu’un véhicule électrique n’émet que 30g de CO2/km (contre 130g/km pour une voiture thermique moyenne et 450g/km pour un gros 4×4 moderne).

Ce chiffre n’est atteint que grâce au nucléaire, ce que l’assistance a fait remarquer judicieusement. Le porte-parole de UVQR a par ailleurs rappelé que le chiffre de 30g/km n’est envisageable que dans le meilleur des cas ; si on doit recharger sa voiture en hiver ou hors période creuse, il ne s’agira pas d’énergie nucléaire mais d’énergie au charbon ou au pétrole, ce qui a des effets en terme d’émission de GES bien pire. Un membre de l’ADEME, présent dans la salle, a confirmé ces dires.

On notera ici le fait que le nucléaire semble ipso facto écarté du débat : considérant que cette énergie est faiblement responsable d’émission de GES, elle est largement avantagée dans le cadre du Plan Energie Climat. On se retrouve dans la situation habituelle de linéarisation des problématiques : on considère chaque problème isolé par rapport aux autres, et on tente de trouver des solutions à une seule variable (ici les GES).

Levier d’action : remplacer la flotte de véhicules communaux par des véhicules électriques.

Energie Grise

L’énergie grise (énergie consommée pour la fabrication et l’acheminement des biens) a été brièvement évoquée, sans pour autant qu’elle soit considérée à sa juste gravité. L’idée de remplacer les bus par des bus électriques en est un exemple : cette idée peut être valable s’il s’agit de remplacer des bus en fin de vie, pas s’il s’agit uniquement d’émettre moins de GES (ce qui, rappelons le, reste à prouver). Ici aussi la linéarité du problème (se focaliser exclusivement sur les GES) pose problème : personne n’a évoqué le fait que fabriquer des voitures coûtait particulièrement cher en matières premières. Ainsi n’était prises en compte que les émissions de GES durant la fabrication (soit 30% du total, à peu près, ce qui est déjà conséquent) sans même s’intéresser au formidable gâchis de ressources naturelles que cela représente. De la même manière semblait clairement admis qu’une vieille voiture pollue beaucoup plus qu’une neuve, sans s’inquiéter du fait qu’une vieille voiture n’a été fabriquée qu’une fois, alors que les voitures neuves ne peuvent le rester que si elles sont souvent remplacées…

Taxe

Un membre de l’assistance a proposé d’instaurer une « taxe spéciale voiture » sur le territoire communal, prenant exemple sur Londres. Il se basait en cela sur le constat que seul le fait d’attaquer le porte-monnaie des gens peut les faire changer d’habitude.

On remarquera ici la tendance générale à vouloir ne pas utiliser les méthodes démocratiques, collectives et égalitaires (les lois, perçues comme liberticides ?) mais à se focaliser sur un système d’incitation par l’argent (réputé moins liberticide ?), alors même que ce biais ne favorise que les riches au détriment des pauvres. Bref, s’en prend à la liberté des pauvres tout en préservant la liberté des riches : où est l’égalité ?

Cette idée de taxe est bien entendu condamnée par UVQR. Nous préférons par exemple des moyens tels que :

  • Suppression de places de parking en ville, réduisant l’attrait du déplacement motorisé.
  • Limitation de vitesse réduite (30km/h ?) afin de réduire l’attrait du déplacement motorisé.
  • Passage en zone « piéton/vélo » de rues de la ville (rue Maurice Bertaud par exemple ?)
  • etc.

Notons par ailleurs que ces 3 exemples offrent de nombreux avantages en sus de la réduction des émissions de GES. Notons par exemple : Report modal des déplacements motorisés sur la marche et le vélo, diminution importante du bruit (rappelons que le bruit est à l’origine de 50% du stress en IDF), diminution importante des rejets de polluants (particules, etc.) permettant d’améliorer grandement la santé des Conflanais (cancers, asthmes, etc.).

Leviers d’action :

  • Instaurer un taxe d’accès motorisé à la ville ou aux abords des écoles.
  • Réduire la vitesse en ville
  • Réduire le nombre de stationnements en ville
  • Zones piétonnes à la place de rues à circulation automobile
  • Trouver / préparer une plaquette à destination des commerçants pour leur démontrer que transformer leur rue en zone piétonne est bonne pour leur chiffre d’affaire.

Vélo

Le vélo fut étonnamment peu présent durant les débats, en réalité seul le représentant de UVQR en a réellement parlé. Après avoir présenté succinctement l’association, il a effectué une proposition simple : Afin d’améliorer l’attractivité du vélo à Conflans, la présence et l’action de l’association UVQR est prépondérante. Dans le cadre du Plan Energie Climat, il est donc proposé que la mairie fournisse un local à l’association, afin qu’elle puisse améliorer grandement sa capacité d’action.

Levier d’action : permettre à UVQR d’agir dans les meilleures conditions en fournissant un local à l’association.

Transports en Commun

Plusieurs personnes de l’assistance ont déploré la faible fréquence de passage des bus hors heures de pointe. Et pourquoi ne pas mettre de petits bus, étant donné qu’il y a peu de gens les prenant ? Augmenter la fréquence des bus permettrait aux Conflannais de mieux se déplacer, et éventuellement de ne pas prendre leur voiture.

Commentaire de l’adjoint au maire : Ca coûte très cher, et une ville seule ne peut clairement pas se permettre d’augmenter ainsi son service de bus. Il faudrait faire partie d’une communauté d’agglomération, afin de mutualiser les coûts.

Leviers d’action :

  • Augmenter la fréquence des bus
  • Mettre en place des petits bus hors heure de pointe
  • Tenter de se regrouper en communauté d’agglomération avec les villes voisines ?

Conclusion

UVQR réitère ses félicitations à la mairie, qui a eu l’audace de se lancer dans cette aventure.
Bien que les débats et les solutions envisagées aient été trop timides du point de vue du représentant de UVQR, on ne peut que se féliciter du succès de la mobilisation et espérer que ces débats se poursuivront par la suite.